UFC-Que Choisir de Côte d'Or

Santé

Médicaments contre les maux de l’hiver

Mal de gorge : des spécialités souvent inutiles

Le mal de gorge est la conséquence de l’inflammation et de l’irritation du pharynx en raison, le plus souvent, d’une attaque virale sans gravité. S’il gêne la déglutition ou les mouvements de la tête, s’il s’accompagne d’une fièvre persistante, il faut consulter. Les médicaments disponibles en vente libre ont la plupart du temps une action locale, désinfectante ou anesthésique, mais n’ont que peu d’impact.

  • HEXASPRAY (COLLUTOIRE)

Composition : biclotymol

C’est un antiseptique et cette classe de médicament utilisé de façon locale dans le mal de gorge n’a jamais montré d’effet décisif, ni pour calmer la douleur, ni pour accélérer la guérison. Il occasionne rarement des réactions allergiques.

Précautions d’emploi :
Ne pas donner aux moins de 3 ans.

  • HUMEX MAL DE GORGE (PASTILLES)

Composition : biclotymol

C’est un antiseptique et cette classe de médicament utilisé de façon locale dans le mal de gorge n’a jamais montré d’effet décisif, ni pour calmer la douleur, ni pour accélérer la guérison. Il occasionne rarement des réactions allergiques.

Précautions d’emploi :
Ne pas donner aux moins de 3 ans.

  • LYSOPAÏNE (PASTILLES)

Composition : ambroxol

Difficile de trouver une utilité à cet anesthésique local. La Haute Autorité de santé (HAS) lui a attribué un « service médical rendu » (SMR) insuffisant. Au niveau européen, les instances ont décidé de le maintenir sur le marché, malgré un risque d’effet indésirable rare mais grave : des réactions d’hypersensibilité pouvant se traduire par une fièvre élevée, des anomalies sanguines, la défaillance d’un organe vital et/ou une éruption cutanée (dont celle, gravissime, du syndrome de Stevens Johnson) ont été rapportées.

Précautions d’emploi :
Ne pas donner aux moins de 12 ans.

  • MAXILASE (COMPRIMÉS)

Composition : alpha-amylase

Il s’agit d’un anti-inflammatoire dont l’action sur le mal de gorge n’est pas établie. De rares réactions allergiques sont possibles.

  • DRILL (PASTILLES)

Composition : chlorhexidine, tétracaïne

Les antiseptiques n’ont pas montré d’efficacité dans le mal de gorge, et les anesthésiques n’apportent qu’un faible soulagement. Ils présentent l’inconvénient d’engourdir la langue et de colorer passagèrement la langue et les dents. Le risque allergique est à prendre en compte pour les personnes sensibles aux anesthésiques locaux. Attention à ne pas consommer trop de pastilles, car les anesthésiques sont assimilés par l’organisme et peuvent, en cas de surdose, induire des troubles cardiaques.

Précautions d’emploi :
Ne pas donner aux moins de 6 ans.

  • STREFEN (PASTILLES)

Composition : flurbiprofène

Cet anti-inflammatoire non-stéroïdien (AINS), aussi utilisé comme antalgique, n’a pas fait mieux qu’un placebo lors des études réalisées par le fabricant, d’où un « service médical rendu » (SMR) insuffisant. Autant sucer des bonbons, c’est moins risqué ! Car même sous sa forme inoffensive de pastille, Strefen expose aux effets indésirables classiques des AINS : saignement digestifs, nausées ou réactions allergiques. Attention si, en plus d’avoir la gorge douloureuse, vous avez mal à la tête : évitez de cumuler le flurbiprofène avec un autre AINS, par exemple l’ibuprofène.

Précautions d’emploi :
– Ne pas prendre en cas d’asthme, d’ulcère, d’allergie aux AINS et à l’aspirine, d’insuffisance hépatique, cardiaque ou rénale. Demandez un avis médical en cas de traitement au long cours pour l’hypertension ou par anticoagulants.
– Ne pas donner aux moins de 12 ans, ni aux femmes enceintes de plus de 6 mois.
– Incompatible avec d’autres AINS.

  • STREPSILS (PASTILLES)

Composition : amylmétacrésol, alcool dichlorobenzylique, vitamine C, sodium ascorbate

Deux désinfectants, de la vitamine C et du calcium : rien de tout cela ne soulagera le mal de gorge. Ce qui fera du bien, c’est la lubrification de la gorge grâce à la salive, dont la production est stimulée par le fait de faire fondre une pastille dans la bouche. Autant manger un bonbon, mâcher un chewing-gum ou boire quelque chose !

Précautions d’emploi :
Ne pas donner aux moins de 6 ans.

  • SOLUTRICINE (PASTILLES)

Composition : tétracaïne

L’action des anesthésiques locaux sur la gorge est minime et momentanée. Attention à ne pas en « boulotter » trop, car ils sont absorbés par l’organisme.

Précautions d’emploi :
– Ne pas prendre en cas d’allergie aux anesthésiques locaux.
– Ne pas donner aux moins de 6 ans.

CONDUITE À TENIR POUR LES MAUX DE GORGE

Le mal de gorge isolé, sans fièvre, disparaît le plus souvent en quelques jours. Les pastilles et collutoires vendus en pharmacie n’ont pas d’effet et coûtent cher. La plupart du temps, sucer des bonbons et boire revient au même : cela suffit à lubrifier la gorge, ce qui entraîne un soulagement temporaire. Quand la douleur est difficile à supporter, l’idéal est de prendre un antidouleur classique, par exemple du paracétamol.

COMMENT AVONS-NOUS PROCÉDÉ ?

Nous avons sélectionné 41 spécialités courantes dans le traitement du rhume, de l’état grippal, de la toux et du mal de gorge à partir d’une liste des meilleures ventes d’automédication en novembre 2015. Sous la supervision du Pr Alain Astier*, pharmacien à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), nous avons utilisé plusieurs sources fiables et indépendantes pour établir l’efficacité et les risques de chaque principe actif ou combinaison de principes actifs.

* Le professeur Alain Astier déclare n’avoir aucun lien ni conflit d’intérêts concernant les produits traités dans cet article.